En ce moment, j’approche toutes mes prises de décision selon le filtre du modèle mental Créateur vs Entrepreneur.
Un modèle mental est une manière de voir les choses. Un filtre de vue qui nous permet d’analyser une situation et d’observer les événements que l’on vit d’une certaine manière.
Ce modèle mental, Créateur vs Entrepreneur, est le plus important de mon année 2022.
Rétrospectivement, il me permet de démêler certains nœuds au cerveau que je me faisais. Il me permet d’expliquer des situations et de mieux comprendre pourquoi je faisais telle chose, plutôt qu’une autre.
À l’occasion du dernier week-end d’écriture Sauce Writing que j’ai animé, j’ai vu que ce modèle mental n’était pas seulement utile pour moi. La plupart des problématiques des participants pouvaient être résolues en y réfléchissant selon ce prisme.
Et je parie que ce modèle mental va également vous aider.
Une fois que je vais vous l’expliquer, vous le verrez partout. Vous allez voir qu’il peut expliquer de nombreux dilemmes que vous rencontrez.
Le modèle mental Créateur vs Entrepreneur
Ce modèle mental repose sur une dichotomie entre deux approches. Deux manières de faire. Deux attitudes.
Pour bien comprendre, visualisons un axe, avec un centre et deux extrêmes.
À l’extrême gauche se trouve le mode entrepreneur. Voici ses caractéristiques.
- L’approche de l’entrepreneur consiste à s’interroger sur le retour sur investissement de chaque action. Tout ce que fait l’entrepreneur doit avoir un impact et permettre de transformer 1 en 2.
- L’approche de l’entrepreneur est une approche intentionnelle et stratégique. On se détache émotionnellement de sa problématique et on essaie de l’analyser de la manière la plus froide et objective possible.
- L’entrepreneur accepte de faire ce qu’il ne le motive pas vraiment, dans l’espérance d’une récompense future plus importante.
- L’entrepreneur se pose sans cesse les questions suivantes : où sont les opportunités à saisir ? Et quelle est la meilleure manière d’en profiter ?
- L’entrepreneur voit le monde comme un gruyère rempli de trous, en attente de quelqu’un pour les combler avec une solution.
- Quand un entrepreneur crée du contenu, c’est parce qu’il souhaite profiter d’une opportunité qu’il voit : une plateforme où le reach est très fort, par exemple. Le contenu est un moyen pour atteindre un objectif plus grand (construire son audience et vendre des produits).
En 2022/2023, le voie de l’entrepreneur conduit irrémédiablement à jouer le jeu de l’algorithme Tik Tok et Instagram Reels car le reach y est très important. Ou LinkedIn. L’entrepreneur va essayer de positionner son contenu de telle sorte à plaire à ces algorithmes et surfer sur ce qui marche.
Cela peut souvent se traduire par des contenus centrés autour d’une liste de hacks/de techniques : “3 outils pour doubler ton CA dans les 3 prochaines semaines”. Les gens adorent les hacks qui leur donnent le sentiment d’accéder à un savoir caché ; et l’entrepreneur l’a bien compris.
Le but est de faire cliquer et de maximiser le watch-time.
Pour ceux qui sont actifs sur Twitter, c’est typiquement l’approche de Dickie Bush et Nicolas Cole de la création de contenu : passer son temps à faire des threads “viraux” (avec des promesses et une liste de hacks) afin de tirer profit de l’algorithme.
Si vous êtes actifs sur LinkedIn, je suis sûr que vous voyez également de quoi je parle.
Pour résumer, l’approche de l’entrepreneur consiste à effectuer un arbitrage constant entre ses ressources et les actions qui vont lui permettre d’obtenir le plus de résultats.
Voyons désormais les caractéristiques du mode créateur, à l’extrême droite de notre axe.
- La philosophie du créateur est à l’inverse de celle de l’entrepreneur : ce qu’il ne crée n’est pas en réaction à un trou qu’il observe dans le monde. Ce qu’il crée part de lui et de ce qui l’inspire profondément.
- La voie du créateur se rapproche de celle de l’artiste. Le résultat immédiat et concret de ce qu’il produit est secondaire. Le créateur aspire à d’autres choses, plus personnelles, authentiques, parfois spirituelles.
- La motivation du créateur est intrinsèque ; celle de l’entrepreneur est extrinsèque. Le premier public du créateur est le créateur lui-même.
- Le créateur se moque de jouer le jeu de l’algorithme et de la viralité. Tout ce qu’il crée part de son cœur et de ses tripes. Si cela résonne avec son audience, il en est le plus heureux. Mais il n’est pas obsédé par cela. Il est plutôt obsédé par la passion et l’amour pour ce qu’il fait.
- Les créateurs valorisent avant tout le foisonnement intellectuel. Ils placent leur curiosité au centre de tout.
- En termes de contenu, les créateurs produisent des choses qui ne rentrent souvent dans aucune case. Ils ne sont pas clivants, ne cherchent pas à polariser et valorisent plutôt la nuance. Cela donne des contenus singuliers et différents. Ils aspirent à créer des contenus légendaires, mémorables et hors du temps.
La plupart des auteurs qui passent leur vie à écrire des livres rentrent plutôt dans cette catégorie. Les livres sont un mauvais investissement en temps si l’on raisonne uniquement en termes de ROI. Mais leur envie d’écrire ces livres est plus forte qu’eux ; ce sont des créateurs.
Je considère que Seth Godin se range également dans cette catégorie.
Voici un petit schéma récapitulatif des caractéristiques de ces deux approches.
Mes apprentissages personnelles sur ce modèle mental
Quand j’analyse mes décisions des quelques années qui viennent de s’écouler, je me rends compte que j’ai successivement suivi l’une ou l’autre approche, sans en avoir conscience. Voici quelques réflexions qui peuvent vous aider.
D’abord, aucun modèle n’est meilleur que l’autre. Il n’y a pas de jugement de valeur à avoir. Chaque approche présente ses avantages et ses inconvénients.
Ce qui est important, c’est de ne tomber ni dans la caricature de l’un, ni dans la caricature de l’autre.
Voici quelques uns des pièges du mode entrepreneur :
- Penser que le ROI direct de ses actions est le seul indicateur de succès qui vaille ;
- N’agir que par intérêt : créer des relations par intérêts, toujours calculer ce que l’on va pouvoir gagner, etc. ;
- Tomber dans le burn-out classique de tous ceux qui ne s’écoutent pas et ne s’arrêtent jamais de tirer sur la corde (juste parce que cela marche et que ça génère du cash !) ;
- Se décourager quand les résultats mettent du temps à arriver. Quand on mise toujours tout sur le résultat final, on se met fortement en danger le jour où ce résultat n’arrive pas. C’est l’exemple typique de l’équipe de France de Didier Deschamps : quand on gagne, tout va bien. Mais quand on perd, on se rend compte à quel point le jeu est pauvre, mauvais et qu’il n’y a rien à retenir des matchs.
- Niveau contenu, le risque est de tomber dans la caricature de son propre personnage. On sur-joue les ressorts et émotions qui font réagir les gens : négativité, bien-pensance exagérée, pseudo-inspiration, promesse de gains irréalisables, etc. Pour finalement devenir hors-sol.
- Enfin, attacher son bonheur à un indicateur externe (un certain chiffre d’affaires, une certaine réussite, etc.) est le meilleur moyen d’être déçu. Ce sont des choses qu’on ne contrôle pas.
Voici quelques uns des pièges du mode créateur :
- Tomber dans la caricature du créateur qui vit d’amour et d’eau fraîche (traduction : l’artiste qui vit sous un pont) ;
- S’inventer des excuses et tomber dans la fausse croyance que si les gens ne comprennent pas ce que l’on fait, c’est parce qu’ils sont trop bêtes/pas assez éduqués. Et finalement, se complaire dans l’absence de résultats et une forme de médiocrité ;
- Ne pas accepter le monde et les règles du jeu telles qu’ils sont réellement ;
- Occulter l’importance des actions et stratégies qui génèrent du ROI. Celles-ci sont nécessaires et vitales (tout comme l’argent est l’oxygène vital de n’importe quel entreprise ou personne) ;
- Vouloir avoir raison coûte que coûte et être incapable d’analyser objectivement une situation, sans y mettre de l’émotion ;
- Ne pas vouloir “se faire mal” et croire que tout doit toujours être du plaisir/du bonheur.
Vous l’avez compris, tout est une question de curseur.
Ces deux approches sont utiles et nécessaires. Les opposer n’a aucun sens. Il faut plutôt les combiner du mieux possible et les alterner. En choisissant de quel côté on souhaite pencher, en fonction de notre situation du moment.
Ce qui compte, c’est d’être conscient de tout cela et de réussir à comprendre où est-ce que l’on se situe. De comprendre pourquoi on prend telle ou telle décision. Pourquoi on priorise ce chantier plutôt qu’un autre.
Je trouve qu’il est très utile de toujours avoir une vision de notre curseur en tête. J’ai, par exemple, dessiné une version de mon curseur mien sur un tableau blanc, en face de mon bureau.
Mon expérience m’a également enseigné que le milieu de l’axe n’est pas une bonne position. L’expression “avoir le cul entre deux chaises” me paraît tout à fait à propos ici.
Être au milieu, c’est ne pas faire de choix. Être au milieu, c’est s’exposer aux dangers de chaque modèle, sans en profiter des bénéfices.
Il faut choisir et s’orienter d’un côté ou de l’autre. Pour exceller dans l’une ou dans l’autre, les stratégies à mettre en place ne sont pas du tout les mêmes.
Quand j’ai lancé Sauce Writing, en janvier 2020, je me suis mis du côté du créateur (sans en être conscient et sans le verbaliser).
Niveau contenu, j’ai créé et écrit ce qui m’intéressait, sans chercher à jouer le jeu de l’algorithme. Cela a donné des articles dont je suis très fier aujourd’hui (voir : l’Ère des projets), mais qui n’ont aucun potentiel viral / inspirant. Ou d’affoler l’algorithme.
Je voulais écrire ce qui me prenait aux tripes et ce qui m’intéressait. C’était génial car j’étais profondément inspiré par le travail que j’effectuais. Je travaillais sur des grosses pièces de contenus que je publiais au rythme d’une tous les quelques mois. Full mode créateur.
Le côté négatif, c’est que cette approche ne m’a pas permis de faire ce que j’aurais du faire à ce moment de mon projet : développer un pilier solide d’acquisition de trafic. J’aurais pu dédier cette énergie à l’écriture de posts inspirants sur LinkedIn ou à un chantier SEO, mais cela ne m’intéressait pas à ce moment-là.
Cette approche de créateur, je l’ai conservée pendant deux bonnes années.
Heureusement, j’ai quand même réussi à faire de Sauce Writing une entreprise viable et mon projet à temps plein. Mais avec une pointe de frustration et le sentiment que le projet n’avance pas aussi vite qu’il le devrait.
Fin 2022, à l’occasion de l’écriture de mon bilan annuel, j’ai posé l’intention (sans le verbaliser ainsi) de faire un virage vers le mode entrepreneur. Afin, notamment, de réparer cette absence de canal solide d’acquisition de trafic.
J’y ai notamment écrit ces phrases :
“L’enjeu clef pour moi est donc de progresser en tant qu’entrepreneur. Prendre davantage de temps pour travailler sur l’entreprise plutôt que dans l’entreprise.”
“Ma liste email est certainement mon asset le plus important. C’est via mes newsletters que tout se passe et que j’annonce les phases d’inscription pour mes différents programmes.
Aujourd’hui, mes efforts pour faire grandir ma liste email sont insuffisants. Pour remédier à cela, je dois agir sur deux niveaux : identifier de nouveaux canaux d’acquisition et accélérer sur ce qui fonctionne déjà.”
L’envie de switcher vers la gauche de l’axe était présente.
Et l’année 2022 a bien démarré dans cette direction. Mais ce qui est drôle, c’est que j’ai eu une phase de quelques mois (avril / août), pendant laquelle je me suis détourné de cette intention. Je me suis à nouveau dispersé, je suis reparti en mode créateur et j’ai délaissé ce chantier d’acquisition.
Finalement, je me suis remis dans le droit chemin au cours de l’année. En Mai, je tweetais mon envie de m’investir dans le LinkedIn game.
“Il est donc temps de me comporter comme un entrepreneur et de chercher les leviers avec le plus fort ROI.”
L’arrivée de Mathias (qui a rejoint Sauce Writing en alternance) m’a permis de valider cette décision. Cette charge financière supplémentaire m’a fait comprendre que je devais vraiment basculer en mode entrepreneur. Au moins pendant les prochains mois.
Avec Mathias, on se concentre sur ce que j’aurais dû faire depuis longtemps : créer un canal d’acquisition solide. En l’occurrence, le SEO (en plus de mes efforts sur LinkedIn). Et au moment où j’écris ces lignes, cela commence à porter ses fruits.
Et c’est à peu près à ce moment-là, vers octobre, que j’ai commencé à verbaliser ce modèle mental ; j’en ai parlé dans l’édition d’octobre de ma newsletter personnelle (vous pouvez vous y inscrire ici). Je pense que si je l’avais fait plus tôt, j’aurais pu gagner du temps.
Sur 2023, mon intention est donc clairement de basculer en mode entrepreneur et d’enfoncer le clou de ce chantier SEO que l’on a démarré. Si vous voulez voir à quoi cela ressemble, jetez un œil à notre grand guide de l’écriture en ligne.
Petite ironie, cela peut sembler paradoxale, mais ce chantier SEO est finalement bien aidé par l’approche créateur que j’ai suivie pendant les deux premières années de Sauce Writing. Les longs articles que j’ai publiés (que j’estime être de qualité) m’ont permis d’attirer de nombreux backlinks non-sollicités. Ce qui s’avère être très précieux dans une optique de SEO ! Ils m’ont également permis de construire un branding différent, de construire mon univers et d’affirmer mon monopole personnel sur l’écriture.
Cette voie détournée n’était donc pas sans bénéfice (loin de là).
Pour la suite, je ne souhaite pas me détacher complètement du mode créateur pour autant.
Le mode créateur est celui qui m’inspire et me motive profondément. Lorsque je crée pour moi, je me sens bien. Je m’auto-complète. Et je dois absolument garder cela.
J’ai besoin de garder un espace pour m’exprimer, sans attente particulière. Ma newsletter personnelle joue ce rôle ; ainsi que les longs articles que je publie sur le blog Sauce Writing.
Le dernier en date est une pépite et rentre complètement là-dedans : Comment le Japon peut-il produire autant d'œuvres mémorables ?. Dans mon carnet personnel, j’ai écrit plusieurs fois à quel point que je prenais un plaisir fou à l’écrire. À quel point il me stimulait intellectuellement et à quel point il attisait une curiosité profonde en moi.
Le mode entrepreneur me permet d’aller plus vite à court terme, mais le mode créateur va permettre de m’installer dans la durée et de tenir la distance. De ne pas faire de burnout.
Un dernier point : l’importance de reconnaître qu’il y a des phases et des saisons. Et que pour atteindre un certain niveau, il faut passer par des paliers. Des périodes pendant lesquelles il vaut mieux opter pour le mode entrepreneur, et d’autres pendant lesquelles nous avons intérêt à basculer en mode créateur.
Mon objectif à long terme est de me diriger de manière nette vers le mode créateur. C’est celui qui me correspond le plus. Et les personnes qui m’inspirent sont toutes dans ce mode là : Casey Neistat, Ryan Holiday, Austin Kleon, Tim Ferriss, Seth Godin, Cal Newport, etc.
Mais je dois garder en tête que toutes ces personnes sont d’abord passées par une phase d’entrepreneur. Et que cette phase d’entrepreneur leur a donné la confiance, la crédibilité, la marque personnelle et l’assise financière pour ensuite déplacer le curseur vers le mode créateur.
Le mode entrepreneur est plus simple pour démarrer. Le mode créateur est indispensable pour tenir dans la durée.
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