Prendre son temps à l'ère du "maintenant perpétuel"

Prendre son temps à l'ère du "maintenant perpétuel"

Contenu rédigé à 100% par un vrai humain, et non une IA ✍️

Comment cultiver notre art sur le long-terme quand notre époque nous pousse à tout vouloir plus vite ? Comment faire quand notre environnement joue contre nous et nous fait croire qu'il est possible de "trouver le succès", sans effort ?

11 min. de lecture
Valentin Decker
March 14, 2021
11 min. de lecture
Création

Le 10 août 1519, un navigateur portugais du nom de Fernand de Magellan quitte le port de Séville à la tête d’une flotte de cinq navires. Il s’embarque dans un voyage qui va le faire entrer dans l’Histoire : rejoindre l’Inde et faire le tour du monde, en passant par l’Amérique du Sud.

À cette époque, cette prouesse paraît inimaginable. Aucun homme vivant n’a trouvé de passage pour contourner le globe, en Amérique du Sud. La seule route connue contourne l’Afrique. 

Magellan en est pourtant certain : quelque part, il existe un passage. 

Il convainc le roi d’Espagne de lui offrir les moyens nécessaires pour constituer sa flotte et survivre à un voyage de plusieurs années, dans des territoires inconnus. 

La suite de l’Histoire va donner raison à Magellan. Au prix de lourdes pertes et de sa propre vie, Magellan va prouver qu’il existe bien un chemin. Son équipage va parvenir à rentrer en Espagne, propager l’incroyable nouvelle et offrir de nouvelles richesses (et colonies) au Royaume.

Quand on pense à un exploit comme celui de Magellan 500 ans plus tard, on ne voit que la finalité. On lit sa prouesse comme une ligne supplémentaire de la riche histoire de l’humanité. Un exploit parmi d'autres.

On imagine que pour accomplir ce genre de choses, il faut avoir le courage de tout risquer. Mettre sa vie en jeu. On pense qu’il s’agit de “faire un coup d’éclat”. De faire all-in sur les rouges ou les noirs pour espérer remporter le jackpot.

On s’enivre alors de la même ambition. Le désir de réaliser des grandes choses et d’atteindre la gloire s’éveille en nous.

Dans une époque comme la nôtre, cela pose problème. Les réseaux sociaux nous abreuvent de succès et d’accomplissements plus impressionnants les uns que les autres. Les nouvelles “stars” sont de plus en plus jeunes. 

Inspirés, malgré nous par ces modèles de réussite, on veut accomplir plus de choses, plus rapidement. On devient impatients, fragiles, irrités et malheureux. 

On fait des choix pour le court terme, en espérant être récompensés le plus vite possible. On cherche à devenir le nouvel influenceur à suivre sur Tik Tok ou Clubhouse. Prendre la vague de la nouvelle tendance à la mode, au bon moment. À la recherche sans fin de toujours plus, toujours plus vite.

Mais si j’aime l’histoire de Magellan, c’est justement parce qu’elle nous montre qu’il ne s’agit pas de faire un coup d’éclat. La réussite de Magellan est le fruit d’années de préparation et d’accumulation patiente de compétences. 

Elle m’enseigne que le moyen le plus sûr pour construire une maison est toujours de poser une brique après l’autre. 

Steve Jobs is the new Magellan

Chaque époque possède ses rockstars et sa catégorie de personnes qu’elle érige en modèle de réussite.

À l’époque de Magellan, les rockstars étaient les navigateurs qui partaient faire le tour du monde et explorer de nouvelles terres. La frénésie des nouvelles découvertes poussait les hommes de l’Europe entière à s’embarquer sur des navires, direction l’inconnue.

On rêvait d’épices au goût succulent et de richesses infinies. On rêvait de gloire et de léguer son nom à une île ou un continent.

Cette époque a glorifié les Christophe Colomb, Francis Drake, Vasco de Gama, Amerigo Vespucci ou encore Magellan.

Pendant la Renaissance, ce sont les artistes de toutes sortes que l’on célébrait et que l’on admirait. Les peintres, les sculpteurs et les architectes étaient au cœur de tous les fantasmes. 

Aujourd’hui, les nouvelles rockstars sont les entrepreneurs. Entreprendre est devenu synonyme de réussite et de prestige social. Steve Jobs et Elon Musk sont les Magellan et les De Vinci de notre génération. 

Leurs aventures font la une de nos médias. Leurs vies sont racontées dans des livres biographiques. Leurs derniers faits d’armes sont disséqués sur les chaînes Youtube populaires.

Deux biais psychologiques renforcent cette rockstarification :

  • L’envie de se conformer. Notre cerveau est câblé pour agir par mimétisme et reproduire ce que font les autres afin d’être accepté dans le groupe
  • L’envie de prestige. Nous avons besoin de reconnaissance, cherchons à être bien vu par nos pairs et à grimper dans la hiérarchie sociale

Nous sommes attirés par ce que notre époque nous murmure. Et le début du XXIème siècle nous chuchote : “deviens entrepreneur, lance des projets !”.

La société célèbre les entrepreneurs ? Les jeunes rêvent de suivre leurs exemples. En France, 45% des jeunes entre 16 et 25 ans veulent entreprendre. 86% des jeunes américains veulent devenir influenceurs.

Mais le prestige et la hype ne sont pas les seules raisons qui expliquent cela. Les rockstars ne jouissent pas seulement d’une forte popularité ; elles sont également récompensées financièrement de manière démesurée. 

Les multiples options qui s’offrent aux jeunes entrepreneurs d'aujourd’hui leur permettent de construire une carrière et de payer leurs factures. Peu importe le théâtre de leurs actions - Youtube, Instagram, le freelancing, la création de startup, etc. - il est possible de vivre très confortablement de ces activités. 

Les rockstars de chaque époque se caractérisent par plusieurs traits communs. La poursuite de ce type de carrière comprend toujours un mélange d’excitation, de récompense, d’incertitude et de risque. 

D’un côté, il y a un danger potentiel : se faire attaquer par des pirates, être en échec et ne pas réussir à se payer avec son projet, etc.
De l’autre, il y a un immense gain potentiel : découvrir une terre inexplorée, devenir riche, célèbre, etc. 

La quête pour devenir une rockstar est difficile et nombreuses sont les personnes qui restent sur le bord de la route. 

C’est justement ce qui explique sa valeur : c’est parce qu’il y a peu d’élus que l’accomplissement de cette quête est précieux et désiré.

Mais à la différence des autres époques, le temps s’est accéléré dans la nôtre. Nous sommes entrés dans le “maintenant perpétuel".

L’époque du maintenant perpétuel

Désormais, tout va plus vite.

Chaque nouveau réseau social qui émerge nous impose un nouveau rapport au temps :

  • 2008 : Facebook nous pousse à partager les événements majeurs de nos journées
  • 2010 : Twitter nous permet de partager les pensées qui nous viennent au fil de l’eau
  • 2015 : Snapchat nous encourager à filmer des micro-instants, d'une durée de vie de quelques secondes
  • 2020 : Tik Tok nous propose de consommer des dizaines de mini-vidéos chaque minute

Les médias traditionnels ne sont pas restés sur le côté. BFM tourne en boucle 24 heures sur 24 pour nous transmettre les informations les plus urgentes.

Ce qui compte n’est plus la prise de recul, mais la réaction à chaud. Parler de la dernière sensation du moment, avant que celle-ci ne tombe dans l’oubli et que l’on passe à la suivante. 

Vers toujours plus d'éphémérité, d'instantanéité et de consommation rapide.

Cette accélération du temps ne marque pas la seule différence avec les époques précédentes, connues par les contemporains de Magellan et Botticelli. 

Les médias modernes, au sens large, nous abreuvent d’images de réussites et de richesse. Dès que l’on ouvre Instagram, Linkedin ou que l’on se balade dans un kiosque, on tombe sur des représentations de personnes qui possèdent plus que nous. 

Plus d’argent, plus de célébrité, plus de followers. Un meilleur job, une meilleure vie, de meilleures vacances.

Évidemment, je plaide coupable. Je suis le premier à jouer à ce jeu. Moi aussi, je partage mes accomplissements sur Twitter et mon dernier séjour à Lanzarote sur Instagram.

Et que se passe-t-il quand on observe toute la journée des personnes avec plus de succès que nous ? On se compare. Plus elles ont et moins on a le sentiment d’avoir.

Couplé à l’accélération du temps dont je parlais précédemment, ce cocktail devient alors explosif. Le fait de voir sans cesse des gens raconter leurs succès alimente notre désir de les imiter, le plus vite possible. Et avec un minimum d’effort.

On oublie que les médias et les réseaux sociaux ne renvoient uniquement une image externe de ces personnes. En réalité, on ne sait rien de ce que vivent les rockstars que l’on célèbre. On ne sait rien de ce qu’elles ont enduré pour en arriver là et des luttes internes qu’elles mènent. Bien souvent, on ne sait même pas si leur succès est réel.

De l’extérieur, tout a l’air simple. “Il suffit de …”.

Mais pour nous, intérieurement, cela ne l’est pas. Dès qu’un projet stagne où n’avance pas assez vite, on le remet en cause. On perd notre intérêt pour la chose. On détourne notre attention vers quelque chose de plus brillant qui pourra satisfaire notre recherche de gratification instantanée. 

Ces traits font partie de la nature humaine et les contemporains de Magellan étaient victimes des mêmes biais. À la seule différence notable que notre environnement joue contre nous. 

Nous sommes dans ce que j’appelle l’époque du “maintenant perpétuel”.

Le problème ? Cela fausse notre jugement et nous pousse à emprunter le mauvais chemin.

Cultiver son art pendant une décennie

Le mauvais chemin consiste à penser que la solution pour accomplir des grandes choses est de chercher des raccourcis. De vouloir faire un coup d’éclat qui va rapporter gros. 

Ce que l’on oublie de l’histoire de Magellan, c’est ce qu’il a fait avant de s’embarquer dans l’aventure qui l'a rendu célèbre.

Son énorme prise de risque était mesurée et calculée. Ce n’était pas un pari fou ou une tentative inespérée de devenir riche.

C’était bel et bien le fruit d’une décennie de préparation. Comme le dit Stefan Zweig “il a vu et appris tout ce qu’un soldat, tout ce qu’un marin doit savoir sur terre et sur mer. Il a doublé quatre fois le cap de Bonne-Espérance, deux fois par l’ouest, deux fois par l’est. Il a frôlé la mort en maintes occasions, il a été blessé trois fois. Il a visité une foule de pays, il connaît mieux la partie orientale du globe que les plus fameux géographes et cartographes de son temps. Dix années d’expérience l’ont formé à toutes les techniques militaires, il s’entend à manier l’épée et l’arquebuse, la boussole et le gouvernail, à larguer la voile et à tirer le canon. Au cours des dix années qui viennent de s’écouler, il a appris à attendre pendant des centaines et des centaines de jours et de nuits sur des océans infinis et à agir au moment décisif avec la rapidité de l’éclair.”

Toutes ses explorations lui ont donné l'expérience et la légitimité nécessaire pour convaincre le roi d'Espagne de financer son projet. Magellan connaissait une bonne partie de la route à traverser et était convaincu de l’existence d’un passage, au Sud de l’Amérique.

Au moment de s’embarquer dans le voyage de sa vie, Magellan venait de passer dix années à se préparer en conditions réelles. Il était prêt et armé des bons outils.

Voici le genre de route que l’on doit emprunter à notre tour. Voici ce qu’il faut faire si l’on veut créer des choses mémorables et laisser notre marque en tant que créateur ou entrepreneur.

Il ne s’agit pas de miser gros en croisant les doigts ou de trouver des hacks pour gonfler artificiellement notre score. Mais de réunir patiemment tous les ingrédients indispensables.

Il s’agit d’accumuler patiemment les connaissances, les compétences, le savoir-faire et la crédibilité nécessaires.

En Japonais, le mot “Gaman” signifie patience, dévouement, persévérance et contrôle de soi.

Il symbolise bien l’état d’esprit dont a fait preuve Yoichi Takahashi. 

Takahashi est un dessinateur de japonais, auteur du célèbre manga Olive et Tom. Tout comme Magellan, sa vie est une leçon de Gaman.

Dès son plus jeune âge, Takahashi s'exerce à raconter des histoires avec ses dessins. Il s'essaie à différentes techniques et styles. Il essuie de nombreux refus de la part de magazines qui ne le jugent pas suffisamment bon. Le succès met du temps avant de pointer le bout de son nez.

Mais à un moment, les pièces du puzzle s'imbriquent et le bon moment se présente. Un premier magazine lui fait confiance et décide de lui offrir un espace pour publier ses histoires, chaque semaine. “On peut dire que la majeure partie de ma vie à ce moment-là avait été une longue préparation en vue de mon futur métier”, déclare t-il.

Cette récompense n’est pas une finalité, mais le début d’un voyage long de quarante années. 

Quarante années pendant lesquelles Takahashi va perfectionner son art et publier de nouveaux épisodes de Captain Tsubasa (Olive et Tom), pour en faire l’un des mangas les plus populaires de tous les temps.

Patience, dévouement, persévérance et contrôle de soi.

Ancrer ses racines dans le sol

Pour espérer grandir et atteindre sa forme finale, un arbre a besoin de planter ses racines en profondeur. Il a besoin de s’ancrer solidement dans le sol pour se développer.

Pour nos créations, c’est la même chose. Derrière chaque succès visible, se cachent une immense quantité de préparation et une lente accumulation de compétences, dans l’ombre. 

Pour créer des choses mémorables, il faut accepter d’y mettre les efforts et l’investissement personnel nécessaires, au préalable. S’engager dans une pratique délibérée régulière de son art pendant plusieurs années - parfois plusieurs dizaines d’années.

Le vrai enjeu est de passer tellement de temps à peaufiner nos compétences dans notre domaine, que l’on devient excellent. De créer tellement de choses, que certaines d’entre elles trouveront forcément leur public.

Cela commence dès demain, avec un pas supplémentaire dans la bonne direction.

Que souhaitons-nous accomplir dans 30 ans ? Est-ce que l’atteinte de cet objectif se traduit dans notre quotidien, aujourd’hui ? Que pouvons-nous faire, maintenant, pour nous diriger dans la direction ?


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