Les coulisses de l'écriture de portrait, par Margot Prévost

Contenu rédigé à 100% par un vrai humain, et non une IA ✍️

Au programme de cet épisode de La Recette : s’adapter à un client dont le besoin évolue en cours de route, assumer son style et sa patte, reconnaitre qu'une critique n’est jamais personnelle et créer une offre d'écriture différenciante.

11 min. de lecture
Margot prévost
July 12, 2023
11 min. de lecture

Je m'appelle Margot Prévost, je suis biographe et rédactrice freelance. En quête de sens et de soin par les lettres, j'ai quitté mon premier CDI pour fonder Caprices Biographie.

Aujourd’hui, je vous embarque dans les coulisses d’une mission de Portrait réalisée pour une cliente coach et entrepreneuse du web. 

Je vous livre mon retour d’expérience personnel, mes ingrédients pour rédiger des textes longs formats, trouver des clients et surmonter les problèmes de communication qui peuvent arriver parfois dans ce type de mission. 

Excellente lecture. 👋

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Le portrait pour toucher avec le coeur

Mon aventure de freelance a commencé il y a deux ans et demi.

Mon projet était d’écrire des biographies d’entrepreneurs imprimées, pour redonner ses lettres de noblesse au format papier. L’idée ? Proposer des formats longs, composés de textes denses et personnels, fournis en détails percutants et habillés d’un style prononcé. Le format ? Un bel objet-livre tangible, qui permet d’ancrer son histoire dans le temps et de la partager autour de soi.

Je ciblais initialement les entrepreneurs à impact, pour les faire parler de la mission qui les anime et du modèle de leurs entreprises, leurs valeurs, leurs challenges, etc …

Vous vous en doutez, ce n'est pas évident de trouver des clients quand on est freelance, et encore moins quand on propose un format différent. Beaucoup de mes clients ont besoin de se faire connaître car ils démarrent leur activité :  ils ont un besoin mais peu de budget, travailler avec eux nécessite donc de réfléchir à l’équilibre gagnant-gagnant.

Certains se voient aussi proposer gratuitement des interviews pour des podcasts ou des articles de magazines. Pas évident de les convaincre de payer pour un livre biographique… bien que je sois convaincue de l’intérêt du format (et eux aussi, souvent).

Alors, pour pérenniser mon activité, j’ai aussi accepté d’autres missions d'écriture plus classiques (SEO, social média, newsletter, …) qui m'apportent un revenu régulier.

En parallèle, j'étoffe ma réflexion et je développe une offre « ponctuelle», plus abordable financièrement qu’un format long : les Portraits d’entrepreneurs.

Pourquoi ce format ? Je suis intimement convaincue qu’un porteur de projet doit savoir se présenter avec précision et conviction. 

Savoir raconter son histoire est une force, que ce soit pour une vente ou un recrutement, ou pour avancer de façon cohérente avec sa stratégie.

La prestation du Portrait est d’ailleurs assez en vogue dans le monde du journalisme. L’idée est de présenter l’histoire professionnelle du client et de la mettre en valeur, avec ses réussites comme ses échecs, pour toucher avec justesse le cœur de leur audience.

Mes clients m’ont confié que certains entretiens que je mène avec eux sont presque de l’ordre de la psychologie : à mi-chemin entre la séance de psy et l’interview de journaliste, ils me confient un peu de leur intimité. Ces entrepreneurs s’investissent beaucoup dans leurs entreprises, leurs “bébés” : parler d’elles, c’est raconter beaucoup d’eux-mêmes !

En contrepartie, je mets mes tripes et mon âme dans le texte. C’est un exercice créatif et stylistique très intéressant : certains clients sont émus jusqu’aux larmes à la lecture du texte et moi, j’aime beaucoup rédiger ces écrits personnels.

Je développe alors une offre de portraits autour de trois formats, que je facture aux alentours de 1 000€ HT :

  1. Un format long de trois pages, destiné principalement au client qui peut en utiliser certains éléments en fonction des situations.
  2. Un format synthétique, un portrait clair qui peut nourrir une page A propos.
  3. Un format court, pensé comme un pitch impactant pour les événements et les réseaux sociaux.

En faisant mes recherches, j’ai pu voir que certains prestataires pratiquaient des prix jusqu’à 5 fois plus cher que le mien, pour un seul rendu. Les prix sont très variés et c’est assez difficile de savoir où se situer au démarrage, d’autant que le ROI n’est pas évident à mesurer.

Réécrire son histoire pour se réinventer

Début 2023, une cliente solopreneuse m’a recommandé à une connaissance pour un projet de Portrait. Le bouche-à-oreille des clients satisfaits, c’est l’idéal pour en trouver d'autres !

Elle ne m’a pas donné énormément d’informations sur cette personne. J’ai complété par un premier échange téléphonique pour bien comprendre le besoin de ma future cliente, qui m’a instantanément demandé un devis. 

Après la première discussion, son besoin est clair : lançant son entreprise, elle a besoin de savoir parler d’elle et de se présenter avec précision et justesse. 

Bien qu’elle connaisse son parcours sur le bout des doigts, elle veut pouvoir parler d’elle sans tomber dans le « moi je » prétentieux et raconter son histoire de manière personnelle et intime sans tomber dans le cliché larmoyant. 

Ancienne politicienne devenue entrepreneuse, elle m’explique qu’elle souhaite expliquer sa reconversion et retravailler son image sur le web, racontée jusqu’ici à la manière des journalistes.

Elle veut se réapproprier son récit.

Une entrepreneuse qui souhaite faire « table rase » sur son passé de politicienne ? Challenge accepté ! 

Ensemble, nous convenons de rédiger un portrait pour l’aider à :

  • Raconter les choses à sa manière.
  • Reprendre le contrôle de son histoire.
  • Réinventer la manière dont le public la voit.

Je lui écris un email pour clarifier ses attentes et lui expliquer ma manière de travailler. Je lui fournis une proposition détaillée pour un portrait en trois formats, selon ma trame habituelle.

Ma proposition est structurée ainsi :

  1. Le constat de sa situation
  2. L’objectif souhaité
  3. Le déroulé de la mission
  4. Les livrables qu'elle va recevoir
  5. Les exemples de travail que j'ai effectué
  6. Le devis
  7. Les modalités de facturation
  8. Les ressources nécessaires pour démarrer

Pour cette proposition, je ne demande pas d’acompte. Je propose simplement un paiement en deux fois : 50% à la livraison du premier draft et 50% à la fin de la mission.

La cliente valide le devis par mail sans négocier et nous définissons une date pour un entretien de collecte.

Extraire puis sculpter le bloc de pierre 

Avant l’entretien de collecte, je fais toutes les recherches possibles sur ma cliente : podcast, articles, vidéos, etc …

L’objectif est de trouver un angle différenciant et unique pour le Portrait, de trouver un détail, de creuser les sujets non abordés et d’arriver avec des informations que l’on ne trouve pas en ligne pour esquisser quelque chose d’original.

En parallèle de mes recherches, je constitue un questionnaire que nous parcourons ensemble lors de l’entretien. Les réponses sont toujours plus précises et fournies lorsque les questions sont posées en direct : la discussion joue beaucoup sur la qualité des réponses.

L’entretien de collecte dure environ deux heures.

J’en profite pour prendre des notes, je récupère toutes les informations utiles au Portrait : les détails, le ton, les métaphores, le vocabulaire, ce qui l’anime, ce qui la met mal à l’aise, etc.

Il me faut ensuite une demi-journée pour reprendre l’entretien. Je crée une structure et j’insère les éléments que je trouve pertinents. Après avoir esquissé ce premier brouillon, je m’arrête et le laisse reposer pendant 24h.

Le lendemain, je le retravaille, le restructure et je commence la réécriture. 

Dès la relecture, avec un regard neuf, je vois rapidement ce qui est à garder et ce qu’il faut jeter ou retravailler. C’est à cette étape que le ton du texte émerge. Je suis vigilante à bien laisser mon texte. Je rédige par bloc de deux heures, pour ne pas me surcharger l'esprit.

Ces séances d’écriture me permettent de travailler la fluidité, d’alléger et m’assurer de la cohérence du texte. J’en profite aussi pour fixer les métaphores et les images que je souhaite utiliser tout au long du texte, afin de garder un fil conducteur et ne pas perdre les lecteurs.

D’abord le fond, puis la forme.

Je passe ensuite beaucoup de temps sur l’accroche et la conclusion, jusqu’à en être satisfaite. C’est essentiel pour tenir le lecteur sur les deux pages. Pour ça, le copywriting et le storytelling sont vos amis !

Petit conseil : toujours terminer par une bonne session de relecture orthographique. C’est une étape que l’on a tendance à oublier quand on a relu un texte 150 fois mais qu’il ne faut pas négliger : ce serait dommage de présenter un premier jet avec des fautes.

Passées ces étapes, j’attends 24h, relis le texte une dernière fois, puis j’envoie.

Il se passe environ deux semaines entre l'entretien et la remise d’une première version.

Je lui laisse quelques jours pour le lire et se l’approprier. C’est important de passer outre la réaction première sur le texte, souvent émotionnelle, pour avoir des retours qui soient plus spécifiques, une fois le texte est digéré. Mais c’est très stressant d’attendre ce feedback ! 

Je n’inclus dans la proposition que deux allers-retours pour des modifications mineures. Vous savez ce que c’est : plus on relit un texte, plus on a envie de le modifier. L’idée est de corriger surtout des formulations ou éléments spécifiques, avant d’en extraire le format synthétique et le format court.

Le double discours

Une fois le texte entre ses mains et après l’émotion première de la lecture, ma cliente change son fusil d’épaule.

Rétropédalage : elle me demande de gommer tout ce qui pourrait « porter préjudice » (et qui fait à mes yeux l’authenticité du texte).

Nous avons alors une discussion et je comprends que ma cliente attendait finalement un texte plus embelli, plus « marketing ».

Cette demande m'interroge sur mon positionnement et mon éthique professionnelle.

Quand on rédige un portrait ou une biographie, il n’est pas rare d’observer un écart entre ce que l’entrepreneur veut (transparence totale, etc.) et ce qu’il est réellement prêt à montrer (ne garder que le positif).

Bien sûr, le travail d’un biographe est de créer de la confiance et de l’intérêt pour le client, pas de le montrer sous un mauvais jour. Mais, l'éthique du métier implique également de respecter la vérité.

Ce qui est surprenant dans le cas de cette cliente, c'est qu'elle avait bien lu mon portfolio et connaissait l’implication que je mets dans mes textes. Elle savait l’effort que je mets pour trouver les mots justes et construire les portraits le plus honnêtement possible. L’émotion qu’elle a ressentie lors de la première lecture l’illustre bien.

Je lui réponds que l'écart entre sa demande et ma première proposition est trop grand. Je décide de ne pas travestir le texte, mais je lui explique que je peux lui recommander un copywriter qui proposerait un contenu plus « marketing » pour ses pages web.

Elle me confie s’être rendu compte que son besoin a évolué au fur et à mesure de la mission. Elle pensait vouloir un vrai Portrait au départ, mais a finalement changé d'avis. 

Nous trouvons toutefois un terrain d'entente : j'effectue certaines modifications à sa demande, sans dénaturer l’ensemble du texte.

Pour clôturer la mission, je suis mon processus classique et je lui envoie un questionnaire de satisfaction. Je lui demande : 

  • Est-ce que la collaboration a été fluide ?
  • Ai-je été suffisamment réactive ? 
  • A-t-elle obtenu toutes les informations dont elle avait besoin ?

Je lui demande également si elle souhaite me laisser un avis que je pourrai utiliser sur mon site et sur LinkedIn. C'est très important !

La cliente me règle l’intégralité de la prestation pour les trois formats, tel que convenu au lancement du projet. Malgré quelques obstacles sur le chemin, nous nous séparons en bons termes et satisfaites du travail accompli.

Cadrer et clarifier les attentes

L'expérience de cette mission me pousse désormais à bien expliciter sur le devis et dans ma proposition que le portrait que j'écris ne vise pas un résultat « copywriting », mais bien « storytelling ». On cherche à construire un récit percutant, poignant et à créer de l’émotion. On ne cherche pas un ROI direct. 

Mon objectif est de trouver le juste milieu, de proposer une offre qui a du sens et de rester à l'écoute des clients pour améliorer mes rendus.

Aujourd’hui, je suis satisfaite de cette offre et mes clients aussi.

Lorsque je propose cette prestation, je m’assure avant que mon prospect connaisse bien mes écrits et apprécie mon style. Je souhaite que le texte soit apprécié à sa juste valeur : je mets beaucoup de moi dans ces rendus. J’écris avec ma sensibilité, mon engagement. J’y mets mes tripes. 

Ce n’est pas un texte sans âme : c’est un texte authentique et puissant qui incarne l’histoire d’un porteur de projet engagé corps et âme dans sa mission.

Alors, quand une critique arrive, il peut être difficile de prendre de la hauteur.

C’est à ce moment-là qu'il faut se souvenir de la nature de la relation que nous entretenons avec nos clients : c’est-à-dire une relation commerciale.

Il n’y a pas de jugement de valeur dans une critique professionnelle. C’est un acte qui ne cherche à répondre qu’à une seule question : ai-je l’impression d’en avoir eu pour mon argent ?

Parfois, il se peut que les attentes soient irréalistes ou mal comprises, ce qui peut amener une mésentente. C’est arrivé, Cela arrive et cela continuera d’arriver. Il ne faut pas le prendre personnellement. 

D’autant plus si vous fournissez une prestation créative qui vous demande d’être impliqué émotionnellement, n’oubliez pas : vous êtes là pour rendre un service et la perception extérieure de votre livrable ne détermine pas votre valeur en tant que personne.

Et on ne le dira jamais assez : communiquez, communiquez, communiquez. C'est la clé d'une mission réussie.

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C’est tout pour moi, merci pour le temps que vous avez accordé à cette lecture !

Et si, au détour d’une phrase, vous avez été piqué par une question, je serais ravie d’y répondre : discutons-en sur LinkedIn ?

Belle journée à vous et n’oubliez pas : continuez d’écrire !

Margot.

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