Cet article a été rédigé par Patrick Charrault dans le cadre du Bootcamp d'écriture Sauce Writing.
Bonne lecture !
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Je l’avoue. Je suis un infoman. Ne cherchez pas, je bouffe de l’intimation tout le temps.
Tiens, qui peut me dire ce qui se passe en Birmanie ? Où en sont les incendies au nord-ouest des USA ? Dans quel état se trouve l’Amazonie ? Oh et tant qu’on y est, pourquoi l’Afghanistan est un pays qui a vaincu des Empires ?
Vous avez compris, j’ai un côté exalté. Pas de panique je suis quelqu’un très sympathique !
Si je parle de moi, c’est que j’ai fait un énorme travail, pour remettre en cause tout ce que j’avais avalé comme un bon élève, bon étudiant,
Je dois remercier mes parents qui m’avaient enseigné : « tu auras toujours une réponse à la question que tu nous poses », soit : on sait, on va voir le Dictionnaire, sinon l’Encyclopédie, ou on trouvera quelqu’un qui sait.
Une dernière anecdote ? Franchement vous avez suivi ma vie jusque-là, une cocasse référence ne vous fera pas peur.
“Madame Bovary”. Lu en vacances en Tunisie… pff c’est peuplant. Rentrée des classes… au programme… devinez quoi. La seule chose importante que j’ai apprise c’est que l’imparfait marquait la continuité, et le passé simple la rupture.
Je pars en vacances à Genève. (hein tu n’aurais pu trouver une autre destination?). Je cherche un livre, dans la grande librairie Payot. J’ai parcouru tous les rayonnages. Nada.
Je fais donc la file pour que la responsable puisse m’orienter. Et j’étends un gamin, devant moi, qui demandait « vous savez… ah ! Le livre extrait du film… ah oui, le film c’était ‘’Madame Bovary”. Tant qu’elle et moi avions fait un effort surhumain pour ne pas exploser de rire.
No comment.
Bien, maintenant que je vous ai parlé de moi, accordez-moi quelques exemples du quotidien, dans lesquels vous allez trébucher, et permettez-moi de vous expliquer à la fin, comment vous pourriez vous prémunir de ce genre de piège.
Prêts pour l’aventure ?
Le vent l’emportera...
Dans les programmes télé ou radio, lorsqu’on parle du vent on dit “Il y aura des rafales allant jusqu’à 80 kilomètres-heure”.
Erreur : en effet, ici on parle de vitesse, c’est-à-dire d’une distance parcourue par unité de temps ! Dans l’exemple cité, le vent, en une heure, parcourt 80 kilomètres. Il faut donc dire “80 kilomètres PAR heure”.
Et la confusion ? Elle est avec le kilowattheure : ici on a bien un concept qui est le prix. En effet le “kilowatt” a un coût par heure, on multiplie ce coût à l’unité de temps, par le temps de consommations "l’heure”.
Cet exemple montre qu’il faut bien maîtriser les unités qu’on utilise afin de ne pas se tromper dans le résultat, et de transmettre dans la chaîne d’exécution une information incorrecte.
Comment vous faire peur pour acheter
Vous avez déjà vu ces publicités pour un régime minceur, car il est important d’avoir un bon “Indice de Masse Corporelle” (IMC en français, BMI en anglais). Il se calcule de la façon suivante : vous prenez votre masse en kilogrammes, et vous la divisez par votre taille en mètres, centimètres compris, que vous aurez au préalable élevée au carré.
Et alors là, vous allez “halluciner !” (pour reprendre une formule dans l’une de ces publicités).
L’on vous explique que si le résultat dépasse un certain niveau vous êtes en surpoids, le tout agrémenté d’un beau graphique (qui mentionne aussi l’obésité morbide, ou la maigreur maladive).
Hop vous avez peur, êtes convaincu qu’il faut vous lancer dans ce programme.
Mais qu’avez-vous fait en réalité ? Vous vous êtes “répandu” sur une surface, rien de plus ! Si vous avez de l’obésité, ou beaucoup de masse musculaire, vous pourriez arriver au même résultat.
Cet exemple montre encore l’importance de bien comprendre les unités, comment on les manipule,... et de consulter un spécialiste avant de vous lancer dans ce genre de régime !
Gardons notre calme ; comptons les gouttes.
“C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ! Le pauvre, il était trop jeune pour mourir.”
Alors là, deux choses vraiment idiotes. D’abord le principe de “trop jeune pour mourir.” Y a-t-il un bon âge pour décéder ?
Ensuite cette fameuse goutte d’eau. Elle n’a fait que s’ajouter à d’autres qui étaient déjà là : elle n’est pas LA responsable du désastre, les autres aussi !
Voilà des exemples qui illustrent l’utilisation de phrases “toute faite”, sans en comprendre le sens, comme d’autres cas où l’on ne comprend pas ce que l’on dit.
Oh si on vous demande si le verre est à moitié vide à moitié plain. La bonne réponse est… le verre est entièrement plein.
Ça ne s’additionne pas !
“Hier le cours de l’action Y avait chuté de 25%, mais aujourd’hui il a remonté de 25%.”
Joie me direz-vous ? Niet vous répondrais-je. Les pourcentages ne s’additionnent pas ! Notez-le, tatouez-le, gravez-le.
Prenons un simple calcul :
Le cours de Y commence à 100. Il diminue de 25%, ce qui fait que sa valeur suivante est de 100 * (1 - 25%) -- le “1” est le point de départ, puis on retire 25%, ou 0.25 au choix.
Réultat : 100 * .75 = 75. Logique.
Maintenant le nouveau cours monte de 25 %. Résultat : 75 * (1 + 25%) = 93.75 ! Nous ne sommes pas revenus à 100.
Quand on a une succession de variation de pourcentages, il faut les appliquer un par un au résultat obtenir par l’opération précédente.
Les candidats sont presque au coude-à-coude !
Imaginons deux candidats à une élection, et un sondage. « A » a 52 %, « B » a 48 %. En gros ils sont quasiment tête-à-tête !
Mais non.
Qui dit « sondage », doit réponde à quelques questions. Comment le sondage a été il fait (simple, stratifié etc.), quelle est la taille de l’échantillon (parce qu’on peut faire un sondage sur deux personnes… ce n’est pas représentatif), et, dernier point important, quelle est la marge d’erreur ?
Sans rentrer dans les détails techniques, si, dans notre cas, la marge d’erreur des 4 %… c’est « 52 ± 4% », et « 48 ± 4 % ». Rapidement on peut imaginer « 52-4=48 » et « 48+4=52 ».
Cet exemple est simplifié pour l’illustration ; mais rien ne change au niveau du raisonnement. Il faut bien comprendre le contexte, et même si on n’est pas un expert, dans la statistique et dans les redressements qui sont faits sur la base d’anciens sondages, il faut rester vigilant.
Mais tu vois bien que l’eau ne tombe pas dans le vide !
Alors là, pour conclure ce long article, passons à la vitesse supérieure, et avec des images; la maison ne reculant devant aucun sacrifice.
Voici une carte du monde utilisée par les platistes, pour prouver que l’eau des océans ne tombe pas dans le vide, même si la Terre est plate :

Ben oui enfin, c’est logique : on a le Pôle Nord au centre et tout l’Antarctique qui fait barrage au bord !
Bon, maintenant que l’on a bien ri, passons à une représentation qu’on connaît mieux :

C’est la fameuse projection de Mercator. Rien ne vous choque ? Ici aussi il y a un problème : les Pôles sont des lignes droites ! Absurde non ? En plus elle est plutôt eurocentrée.
Sinon il y a celle-ci :

Mais toujours avec le même problème.
En fait, quoi que l’on tente, il est mathématiquement impossible de transformer une sphère (à 3 dimensions) en un plan (à 2 dimensions). Si le sujet vous intéresse, il y a plein de vidéos sur la topologie.
Voici une animation qui, en faisant fi de la superficie des océans, vous montre les vraies proportions des continents et grandes îles (regardez le Groenland).
L’important est de constater qu’on garde l’Afrique au centre.

Et puisqu’on parle de l’Afrique, rendez-vous compte de sa taille :

Esprit Critique à appliquer
Nous venons de passer en revue plusieurs faits, formulations, expressions, représentations...
Leur point commun est que tout cela nous est si proche, si quotidien, que l’on n’a plus le recul nécessaire pour savoir si ce qu’on dit ou prétend a un sens. (Oh je reviens sur le premier exemple… quand vous aurez reçu un PV pour excès de vitesse, vous aurez mieux ressenti le concept de vitesse).
On mélange des unités donnant un résultat sans queue ni tête, on se laisse impressionner par de gros arguments sans essayer de les comprendre, on utilise des expressions grotesques, on fait d’une assez forte occurrence une généralité absolue, on représente les choses de manière biaisée sans s’en rendre compte.
La solution ? Re-démontrer tout ? Se souvenir de toutes les formules apprises à l’école ?
Exercices coûteux en ressources intellectuelles et en temps. On utilise souvent des raccourcis pour atteindre un but, et en général ça fonctionne.
Mais il y a des biais et des travers dans lesquels on tombe trop facilement. Et c’est là qu’on doit être vigilant.
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